J’avais pris l’habitude, à la fin des entretiens individuels, de demander à “mes” candidats de me donner une citation. L’objectif était autant de comprendre leurs centres d’intérêt ou de mesurer leur niveau de culture générale, que de m’en inspirer. Je n’ai jamais eu le plaisir d’avoir à répondre à cette demande en tant que candidat. Ma réponse et son explication sont pourtant déjà prêtes au fond de moi, depuis une vingtaine d’années. Cette citation de Nietzsche prend tout son sens, à la lumière de mes choix de carrière passés, alors que je me lance (pour de bon) dans la grande aventure de l’Entrepreneuriat. D’ailleurs, en matière de gestion de carrière, la citation complète de Nietzsche me semble applicable à chacun d’entre nous et mériterait qu’on s’y penche un peu plus : “Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même.” Il me semble que chacun devrait pouvoir se l’approprier et d’une certaine manière, la sculpter à son tour dans la matrice de sa propre carrière.
Lorsque j’ai divisé mon salaire fixe par deux et quitté l’Oréal pour me lancer dans le recrutement, on m’avait traité de “kamikaze”. C’était de bonne guerre. Pourtant, le monde du travail a tellement changé depuis 20 ans, que cette décision aurait mieux été acceptée aujourd’hui qu’elle ne l’a été en 2010.
En effet, les carrières tendent à se hacher. Les freelances sont nettement plus nombreux qu’ils ne l’étaient lorsque je suis entré dans le monde du travail en 2004. Les nouveaux entrants n’ont plus le même sentiment d’appartenance à l’employeur que les baby boomers, lesquels naissaient, grandissaient, se construisaient au sein d’une seule entreprise, toute leur vie professionnelle. Être dans une entreprise du CAC 40 était une fin en soi. Ce qu’on y faisait importait peu. Vous entendrez encore de nos jours les anciens évoquer la carrière de leurs petits enfants en commençant par le nom de leur employeur, puis à laisser le contenu du poste ou leur métier en appendice, comme si rien de tout cela n’avait d’importance. Et pourtant….
« Dans les années 2010, lorsque les papy boomers commençaient à prendre leur retraite, s’est initiée une phase de transition vers le monde d’aujourd’hui, avec des Y plus égocentrés. »
La recherche de carrières plus rectilignes s’est universalisée parmi les cadres. L’idée que “devenir quelqu’un” était plus important que “travailler chez”, a commencé à germer chez eux. La course au titre le plus imposant a été amplifiée par les réseaux sociaux professionnels. La carrière dans une structure unique était devenue illusoire, voire même constituait un élément à charge dans le parcours des candidats. La fidélité s’était muée en engourdissement.
Dans les années 2020, l’émergence de la « purpose generation” parmi les décisionnaires dans les entreprises a poussé ceux-ci à donner un sens à celles-ci. Ainsi, la moitié des entreprises du CAC 40, Danone en tête, se sont définies comme “à mission”. Au-delà de la quête de “sens“, la question de la RSE est devenue centrale dans la stratégie de vie /carrière des candidats (76% des millenials considéraient en 2017, que l’engagement RSE était plus important que le salaire). La RSE est ainsi devenue centrale dans la politique de recrutement et de fidélisation des entreprises, mécaniquement.
Comment Pure Chase interviendra dans tout cela?
Si parmi les 4 points cardinaux de Pure Chase, l’engagement n’apparaît qu’en dernier, c’est parce que les recruteurs nous attendent sur les 3 autres :
1 – la mobilité géographique et sectorielle : Parce que 86% des cadres franciliens – donc autant d’acheteurs, a priori – souhaitaient quitter l’île de France dans les trois prochaines années en 2018. Parce que les acheteurs ne rêvent pas de rester toute leur carrière au sein du même secteur. Parce qu’il faut savoir être créatif, même quand on est soumis à une concurrence acharnée. Et surtout… parce que la consanguinité peut-être fatale aussi en matière de recrutement.
2) La qualité pour la fidélisation – Si je me suis largement inspiré d’un des 5 Axes du groupe Valeo, c’est parce que mes expériences récentes de la non qualité m’ont permis de comprendre que celle-ci finissait toujours par coûter plus cher que la “qualité totale”.
3) Redonner un sens au concept d’expertise – parce que pour le même prix, les recruteurs préfèrent avoir en face d’eux des personnes qui savent (vraiment) de quoi elles parlent.
4) L’engagement, enfin, n’a pas été placé au centre de ma stratégie par hasard ou pour faire plus “vert”. Les achats ont une lourde responsabilité que de faire émerger par des actions concrètes sur la réalité micro-économique de leurs fournisseurs, ce que nos Hommes politiques n’ont pas su instaurer depuis des décennies, à savoir les conditions préalables à l’avènement d’un monde plus juste et plus durable. Ainsi, je souhaite que les acheteurs recrutés par Pure Chase aient pleinement conscience de leur niveau de maîtrise de la RSE. N’ayant moi-même qu’une faible connaissance des bonnes pratiques à cet égard, je m’appuie sur les qualités de Blue Sowers pour mener ce chantier.
Moi dans tout cela? Disons simplement qu’en plus de faire ce que j’aime (prospecter clients/candidats, fidéliser, créer un lien, rencontrer, connaître), je deviens ce que je suis : chef d’entreprise. Reste à donner à ce projet de la consistance, avec vous : acheteurs, responsables / directeurs achats, et RH.
Etienne